lundi 23 novembre 2009

la carte figurée du sévéragues


«Le feu et le lieu, la baronnie de Sévérac le Château à la fin du Moyen-Age », tel est le titre de la thèse de Juliette Dumasy présentée en 2008 à l’Université Paris I.
Samedi 21 novembre, avec sobriété et talent, l’historienne sut nous proposer l’essentiel de la première partie de ses travaux (un pavé de 688 pages, dont une centaine d’annexes !...).
Le support de cette étude de l'habitat rural dispersé du Moyen-Age est la carte figurée du sévéragues ( document découvert dans les archives de l’Aveyron il y a quelques années seulement).

Pourquoi cette carte ?
A cette époque, en 1504, Rodez et Millau trouvaient que le fouage ( impôt levé sur chaque feu ou unité familiale) était mal réparti ; n'arrivant pas à faire triompher leur thèse devant la juridiction du Rouergue, ces villes assignent la baronnie de Sévérac le Château devant la Cour des Aides de Montpellier. L'objectif est de démontrer que Sévérac est riche, et doit payer le fouage en conséquence, ce qui diminuera d'autant leurs propres impôts !... les affreux jaloux !

Qui a dessiné cette carte ?
Faite sur commande pour servir de preuve dans ce contentieux fiscal, elle aurait été établie par un notaire de Millau (il a été rétribué pour ce travail).

Sur la carte, les villages et les hameaux ont été positionnés d’abord à partir des cours d’eau, et ensuite à partir des buttes ou sommets. Si les perspectives et les distances semblent parfois assez fantaisistes, en revanche, le nombre de maisons des hameaux est exact. Pour Sévérac, toutes les maisons n’ont évidemment pas été dessinées, mais le plan général nous paraît juste, puisqu’il peut se recouper assez facilement avec la structure urbaine confirmée, plus près de nous, par le cadastre napoléonien.

Cette carte figurée du sévéragues, fut étudiée par la jeune universitaire qui sut en extraire un certain nombre de types d’habitat : simple, composé, avec dépendance etc., et un certain nombre de types d’architectures ecclésiales : à clocher défensif, avec bouche à feu dans le mur, porte au sud, porte à l'ouest... le tout selon le lieu, dans la vallée ou sur les causses.
Des villages sont d’origine castrale (Sévérac…), d’autres d’origine ecclésiale (Lapanouse…), tandis que sur les causses, les chefs lieux de paroisse (Inos, Novis, Le Recoux…) sont des hameaux autour de l’église, mais pas des villages.

Une autre partie de cette étude s’articulait autour du compois de 1450, document original en ce sens qu’il a permis de faire le lien entre les surfaces cultivées et les moyens d’exploitation. Nous apprenons qu’avec deux paires de bœufs on cultive 20 sétérées soit environ 5 hectares, et que 66% des terres sont en culture bisannuelle (1 an de culture /1 an de repos).
A partir de cette époque également s’établissent les règles successorales de primogéniture, raison de la très forte stabilité des feux.

Dans la salle de la Société des Sciences Lettres et Arts de l' Aveyron, toutes les chaises étaient occupées et cette communication, relativement courte (45 minutes) mais dense, jamais ennuyeuse, réalisée avec l’aide d’un rétroprojecteur, a vraiment intéressé tous les auditeurs, sociétaires ou invités .
Pour ma part, je n'ai qu'un regret : le nombre restreint de sévéragais dans l’assistance. Nous étions sept !...

(La photo est extraite de la Revue du Rouergue)

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