vendredi 12 avril 2019

Au secours ! Jean-Baptiste reviens !


C'était voici quelques jours .

Pour les besoins d'une future exposition sur les jardins d'ornement et les jardins potagers au Grand Siècle, nous sommes partis à Versailles.

En commençant par le Potager du Roi.


On y est presque !


Péage.
Puis escalier sur  la gauche débouchant sur le jardin situé en contrebas. 
Jardin ? Non, certainement pas. Grand espace enherbé délimité par des murs plein sud .

 




Sur les espaliers, les arbustes, poiriers et pommiers étaient en fleurs. Magnifique !

Quelques personnes s'activaient .
Pour les réponses à nos questions, on nous renvoie vers un  "vrai" jardinier ! (Savais pas qu'il en existait des faux ...) .
Le carré des asperges n'est pas pas à l'endroit indiqué sur le plan. On le trouve enfin, mais d'asperges, point.  Pas le moindre petit turion émergeant des buttes de terre ! Faudra repasser.



Et voici la belle grille, dite la porte du Roi, restaurée par les soins d'artisans français  - certainement - mais grâce surtout à quelques billets verts.
C'est par cette porte que le Roi Soleil venait s'enquérir de la maturité des fruits et légumes qui étaient quotidiennement servis à sa table .
Exigeant ce Roi ? Certes, puisque il appréciait de déguster des fraises en décembre et des asperges dès le mois de mars.
On nous dit que l'asperge fut, plus tard, particulièrement prisée de Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, qui la nommait "pointe d'amour"(pour ses prétendues qualités aphrodisiaques peut-être?) 

Notre Louis le quatorzième aimait par dessus tout les poires dont de très nombreuses variétés sont encore ici présentes.

Alors, déçus par cette visite ?
Oui.
Si le nombre de jardiniers se trouve réduit à 8 ou 9, il y avait - le jour de notre visite - quelques escouades de"stagiaires", un peu houspillés d'ailleurs par un genre de "contremaître".
Et si le Potager du Roi a choisi - nous a t'on dit - la permaculture et le zéro-phyto, il nous a semblé que l'usage, non  chimique celui-là, de la binette et du sarcloir s'était perdu depuis La Quintinye.  

Alors, d'accord pour supprimer désherbants et traitements. Mais quelle désolation de voir les buis, non arrachés et non remplacés, atteints par la pyrale et les parterres envahis d'oseille sauvage, de liserons etc. 



La statue de Jean-Baptiste de La Quintinye qui trône au dessus du jardin n'a pu être correctement photographiée et je le regrette. Mais j'y ai vu comme un symbole. Le concepteur - jardinier ne souhaite, peut-être pas, être mis en lumière, à la vue de ce qu'est devenue son oeuvre . 

En partant, je n'ai pu m'empêcher de dire à la personne qui était à l'entrée et qui nous demandait nos impressions, que ce jardin serait bientôt labellisé "Conservatoire National des Chiendents". 

Alors oui, au secours, reviens Jean-Baptiste!



D'anciens ouvrages à feuilleter :
Olivier de Serres : "Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs"
Louis Liger "La Maison Rustique"
Abbé Roger Schabol "La pratique du jardinage"

Et pour le fun
Michèle Barrière  "Meurtres au Potager du Roi, roman noir et gastronomique sous Louis XIV" (Avec un carnet de recettes en fin de volume. A tester.)