mardi 29 octobre 2013

Saint-Michel au péril de la mer


Breton, le week-end, c'était prévu!...

Nous avons échappé aux manifestations - les Côtes d'Armor, c'est pas le Finistère - mais nous n'avons pas échappés à la tempête . Ca, c'était moins prévu.
Il fallait être un petit peu fou pour découvrir le Sillon de Talbert en compagnie d'Eole. Mais c'était trop beau, comme disent les djeuns. Et puis, ce n'est pas une largeur de quelque trente cinq mètres de sable s'avançant dans l'océan qui allait nous faire peur, n'est-ce-pas ?

A Perros, la petite maison de Maurice Denis, délicieusement dénommée Silencio y Descanzo 


paraissait bien à l'abri de toutes ces contingences économique ou météorologique .

Continuant dans le même état d'esprit, il fut décidé de repartir via le Mont Saint Michel. C'était pas trop la route. Pas la route directe en tout cas. Le GPS fut programmé.
Petit détour de 200 kilomètres.


- Mouais, petit détour de 200 kilomètres, mais petit détour de plusieurs heures.
- Pourquoi ?
A cause des travaux. 
Les fameux et pharaoniques travaux, qui doivent désensabler la baie du Mont. Et qui obligent les bipèdes à payer un emplacement pour leur véhicule, puis à emprunter la navette, puis à continuer pedibus (cum) jambis jusqu'aux remparts.  Donc, du temps, beaucoup de temps, à prévoir.
J'ai même entendu quelqu'un dire, avec vigueur, "c'est le b...! "


(Vue des travaux depuis la"cage de l'écureuil")

 Et quand la tempête s'en mêle ...


C'est bon, on l'a déjà fait. Ouf...

Ici, je me dois d'ouvrir une parenthèse. Dans le célèbre régime que je ne nommerai pas précisément (Yes, "You can") il est indiqué que les ascenseurs sont interdits à vie . Allez-donc au Mont Saint Michel, mesdames, et vous aurez respecté votre obligation pour le restant de vos jours! ...
Mes genoux s'en souviennent encore !...

La tempête avait contraint le Mont à fermer à la visite la plateforme de l'église et aussi les jardins. Dommage... Certains jardins ont pu être entrevus.

Havre de paix.

Tout comme le cloître, suspendu entre ciel et tangue:


Entr'aperçu par un vitrail de la Salle des Hôtes, le mont Tombelaine :

Je vais ici rassurer les inquiets.
Non, non, la tempête n'a nullement empêché les aficionados de la Mère Poulard d'aller se faire plumer dans son très célèbre restaurant, en dégustant sa non moins célèbre omelette. 
Trente euros, quand même, l'omelette.
Le chef m'a dit qu'à ce tarif là, les poules devaient être choyées... Dans la salle, aux murs tout tapissés de photos de célébrités internationales, une majorité de japonais.
- Des chinois ! ... pas confondre !
Nous voici rentrés à la maison.
Le travail nous y attendait.

Pour aller plus loin:
Des romans (polars) sur le Mont, il en existe beaucoup.
Mon fils me signale un film, avec Ben Affleck,"A la Merveille". Film qu'il n'a pas vu, et moi non plus, mais nous allons vite réparer l'oubli.

Navette et zézette

Une fin de semaine à Aix en Provence, le vendredi, pour assister à une remise de prix ! C'est la mère qui était fière...
Ce serait pas plutôt de l'orgueil ?... Oui, bon, ça va ...
Donc vendredi soir à Aix et samedi à Marseille. Au menu, boulot pour le maître et et co-pilotage pour l'esclave .
Marseille est pour moi, toujours, un plaisir (sauf l'escalator de la gare Saint-Charles) .
Il faisait frisquet mais il y avait un beau soleil, et derrière les vitres du bar, le café s'est laissé déguster. Le Vieux Port est maintenant presque entièrement relooké et ça me plaît.
Nous avons re-visité Saint Victor et sa crypte. Etonnante ! Par ses dimensions et par son"mobilier" de sculptures. Et Lazare, émergeant de la pierre, n'est pas la moindre des découvertes.
La sortie était tout embaumée de l'odeur des navettes... et oui, le jour de cuisson, le boulanger ouvre grand portes et fenêtres, histoire d'en faire bénéficier le passant . C'est pas innocent ...
Le meilleur moyen de vaincre une tentation étant d'y succomber (merci Oscar) j'ai acheté quelques exemplaires de ce célèbre biscuit . C'était pas donné.
 - Mais, ma p'tite dame, même à Marseille, rien n'est donné!
Pas donné et franchement, très, très surfait .
La bonne odeur, rien à dire : de ce point de vue, la navette mériterait une place de choix dans l'armoire à linge ... Mais pour la dégustation, il est nécessaire de se renseigner, préalablement, sur la disponibilité de votre dentiste préféré. Car pour être dur, c'est dur!...
Chacun ses goûts, je préfère la zézette de Sète.

lundi 23 septembre 2013

Il est mort le poète.

Voici longtemps que je n'ai pas écrit...
Et puis, fin août, le décès de Seamus Heaney me rappelle un beau poème que Guillaume avait traduit avant de me le faire parvenir depuis son exil irlandais.
Je ne résiste pas ...


Digging - Seamus Heaney (1966, Death of a Naturalist) - traduction libre de Guillaume
Entre mon index et mon pouce
Repose le plume ; chaud comme fusil.

Sous ma fenêtre, un clair son qui gratte
Quand la bêche plonge dans le sol caillouteux.
Mon père, qui creuse. Je regarde

Jusqu’à ce que son dos peinant entre les parterres
S’incline, parte vingt ans en arrière
S’abaisser en cadence dans les rangées de patates
Où il creusait.

La grossière botte contre l’oreille, le manche
Entre les genoux fermement tenu.
Il déracinait des cimes, enfonçait les piques brillantes
Pour dégager d’autres patates que nous prenions
Aimant leur froide rigueur dans nos mains.

Par Dieu, le vieux savait tenir une bêche.
Tout comme son vieux.

Mon grand-père a sorti plus de tourbe en un jour
Qu’aucun autre dans la tourbière de Toner.
Une fois, je lui ai apporté du lait dans une bouteille
Emmitouflée de papier. Il s’est redressé
Pour le boire, puis est retombé sans s’arrêter
De tailler et trancher, laisser des mottes
Sur son épaule, aller çà et là
Pour de la bonne tourbe. Creuser.

L’odeur froide de l’humus des patates, succion et claque
Du terreau trempé, les brefs coups de pique
Dans les vives racines se réveillent dans ma tête.
Mais je n’ai pas de bêche pour suivre de tels hommes.

Entre mon index et mon pouce
Repose le plume.
Je creuserai avec. 
Original en ligne sur http://www.wussu.com/poems/shdigg.htm
Seamus Heaney Prix Nobel de Littérature en 1995.

Et moi, pour me souvenir des miens, avec quoi pourrais-je creuser ?