jeudi 3 décembre 2009

Un dimanche en salle des ventes...

Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne drague pas …
- et l’auréole, elle ne te serre pas trop ?...
- grr !...

J’ai quand même quelque addiction, j’aime lever la main … en salle des ventes le dimanche après-midi !

Ce week-end, donc, une vente était annoncée. Une vraie, une vente publique comme je les aime.



Pas de celles qui défilent à longueur d’heure, de jour et de semaine sur internet, et qui ressemblent à une vente aux enchères comme la décoction de gland de chêne grillé, pendant la guerre, ressemblait au café d’avant la guerre (j’ai pas connu, mais ma grand’mère en avait gardé le souvenir !) .

Conseils pour ne pas enchérir idiot.

Important, et à ne jamais, jamais, manquer : la visite préalable à la vente.
Un peu comme au marché, on voit, on examine, on mesure. Avec précaution, en présence du maître, on peut toucher. On peut aussi demander une fourchette d’estimations. Rien n’empêche non plus de "bosser", avant. Dès réception du catalogue, s’informer, rechercher le nom du peintre, sa cote, prendre des notes… Et si on ambitionne d'acquérir un meuble, ne pas oublier de prendre les mesures de son studio ...

Ainsi préparé, il est recommandé d’arriver avant l‘ouverture des portes.
La salle a été, elle aussi, préparée. Des rangées de chaises disposées de part et d’autre d’une large allée. Au bout de l’allée, sur une estrade surélevée, les officiants, commissaire-priseur, expert et collaborateurs, et la secrétaire aux doigts véloces qui tapera les procès-verbaux d’adjudication au fur et à mesure des enchères.
L’estrade domine l’assemblée, histoire d’en avoir une vue la plus large possible pour découvrir tous les enchérisseurs: les timides qui lèveront juste un doigt, comme les habitués qui se contenteront d’un signe des paupières en guise d’assentiment.

Donc, arriver en avance, jouer des coudes pour franchir la porte dans les premiers, choisir sa place.
Mais vite!... Car désormais, ici, tout se fera vite. Vitement même, aurait dit un ancien ardéchois de ma connaissance!
- mais on se croirait au théâtre !
- exactement !
Avec l’habitude, on croit connaître les meilleures places… Il n’y en a pas !
Si vous êtes, madame (ou le monsieur du chéquier de la dame) intéressée par les bijoux, s’asseoir au premier rang, ou en bordure immédiate de l’allée, là où sera présentée la perle rare, sur le plateau recouvert de velours. Présentée seulement, et vite, car maintenant plus question d’examiner la chose sous toutes les coutures, ni de poser des questions (…on vous l'a déjà dit! fallait pas manquer la première étape, celle de la visite préalable).
Les professionnels de la brocante se tiennent, eux, debout et en périphérie. Histoire pour chacun d’eux de surveiller et de marquer le confrère à la culotte.

Puis se déroulera la vente, selon l’ordre du catalogue. Ce catalogue où vous marquerez les prix, celui du départ et celui de l’adjudication. Les mains se lèvent, le téléphone sonne, souvent plusieurs enchérisseurs, donc plusieurs téléphones... Parfois des interlocuteurs étrangers. Ce dimanche, speak english please, because…l’enchérisseur est russe !
Un vrai spectacle !... avec des scènes à l'intensité "dramatique" ponctuées par le marteau d’ivoire. Ce marteau qui, tel le gong du ring, vous rendra vainqueur ... ou pas.
De l’émotion. Du stress. Car l’aléa est omniprésent. Cet objet, je le veux. Je peux l’avoir. Vais-je l’avoir ? ... Pas le temps de s’apesantir sur son manque de chance, c’est déjà le prochain numéro ! C’est presque un match ! L’expert détaille le tableau, dans la salle on se jauge du regard, le clerc fait monter la pression, crie : « Vous en voulez ? A ce prix, c’est pour rien !». Adjugé.
Et puis arrive la fin. Les heureux enchérisseurs s’agglutinent devant la caisse pour payer. Munis du bordereau d’adjudication, ils pourront repartir avec leurs trésors, petits ou grands, mais trésors pour lesquels le cœur a fait "boum"!

Qu’ajouter? Qu’un commissaire-priseur est un officier public, que sa compétence est reconnue et qu’il garantit la conformité de l'objet tel qu'il l'a décrit sur le proces-verbal d'adjudication. Cette garantie est décennale.
Une anecdote? L'un des frères Tharaud, écrivain, porta sur son testament le voeu que tous ses biens, meubles, tableaux, livres, bibelots, soient vendus aux enchères afin que tout un chacun ait la possibilité, comme lui-même l'avait eue, de ressentir le "frisson adjudicataire".

P.S. Je n'ai pas d'action, mais c'est vrai, j'aime bien mon commissaire-priseur.

2 commentaires:

  1. Ô toi, terrible fièvre acheteuse,
    Qui trempe murs et troue vareuses,
    Aie donc pitié de mes pécunes,
    Qui partent en cendres sur les dunes.

    Bill 704715

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  2. Un très bon blog avec d'agréables lectures.Continuez ainsi!

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