mercredi 28 avril 2010

Double peine


Les années ont passé,
Travail et joies mêlés.

Que s’ouvrent enfin les portes
Sur cet ailleurs que j’attends.
Tout m’est blessure, le silence, les autres…
Au soir du combat, se fera le bilan.


jeudi 15 avril 2010

Entre mon fils et la B.D. ...

Week-end à Aix-en-Provence, surtout pour voir le jeune qui grandit loin de nous...

Justement, c’est lui qui m’entraîne à la Cité du Livre où les auteurs de B.D. dédicacent.
C’est pas trop mon truc. De longues files de jeunes patientent devant des panneaux portant des noms que je ne connais pas, mais alors pas du tout ! il n’y a là ni Uderzo, ni Goscinny, ni Hergé…

Et oh ! Tu te crois à quelle époque, mémère !

Derrière les grands rideaux bleu et noir cependant, une petite estrade, une table, quatre chaises, face à quelques rangées de fauteuils …
J’ai passé là une heure magique !
Jacques Ferrandez était venu parler de «Terre Fatale», dernier tome des «Carnets d’Orient» et de «L'Hôte», superbe album où il met en scène une nouvelle d’Albert Camus.

J’apprécie le crayon et les textes des Carnets d’Orient et je découvre un auteur assez sympathique.

Oui, mais c’est pas tout…

Je découvre surtout l’auteur de la préface de l’ «l’Hôte»: Boualem Sansal, arrivé directement d’Alger, mais en retard, car son avion avait été déprogrammé sans que personne n’en soit informé (C’était un vol de la compagnie nationale, que certains appellent « Air Peut-Etre ») !...
J’avoue ma totale ignorance au sujet de Boualem.
Et pourtant, quel amour pour son pays, et pour ses compatriotes. Et quel courage pour continuer à vivre et à écrire là-bas, chez lui ! L’oligarchie actuellement en place lui a fait payer cher sa liberté de ton : lui, limogé de son emploi, et son épouse contrainte à quitter son poste d’enseignante…

L’écouter parler avec passion. Avec passion et sans rancœur. Simplement. L’écouter dire les choses telles qu’elle sont, et les faits tels qu’il les a vus. L’entendre se faire apostropher par un jeune compatriote dans l’assemblée, costume strict et paroles de haine … interprétant la phrase (trop) célèbre d’Albert Camus sur la justice et sa mère !...

Cette heure de conférence m’a donné l’envie de lire un livre de Boualem : "Le village de l’Allemand ". Tirée d’une histoire vraie, cette œuvre raconte le curieux (surtout ne pas dire drôle !) parcours d’un criminel nazi exfiltré d’Europe, pour devenir sur ses vieux jours, via l’Egypte et les services spéciaux locaux, le héros d’un village des hauts plateaux algériens : un homme bon, tourné vers les autres. Récit déroulé au travers des journaux croisés des enfants de l’Allemand, qui, bien sûr, ignoraient tout de la première partie de la vie de leur père. Leur père massacré, au soir de sa vie, par des terroristes islamistes. Et voilà la boucle bouclée : tous les terrorismes se ressemblent, celui de 1944 et celui de 1994, en Allemagne ou en Afrique.

Merci à Guillaume de m’avoir permis cet « intermède ». Il résonne encore en moi, en différents échos que je ne développerai pas ici, ce n’est pas l’endroit.

Beaucoup de choses, beaucoup de gens, ont besoin de nous pour échapper à l’oubli ou à l’indifférence : penser à ajouter Boualem Sansal à ma liste.

Des livres:
Les Carnets d'Orient, maintenant refermés par J. Ferrandez
Le Village de l'Allemand de Boualem Sansal
Et, pourquoi pas, relire Camus, si décrié de nos jours.