« Ce sont les lapins qui ont été étonnés !... Depuis si longtemps qu’ils voyaient la porte fermée, les murs et la plate-forme du moulin envahis par les herbes, ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte … » .
Pas tout à fait.
Ce 30 juillet 2009, les « Amis de La Couvertoirade » étaient en fête… Et pour cause ! Une belle page d’histoire locale s’écrivait en direct. Il était une fois un vieux moulin… vieux et mutilé : plus d’ailes, une base de pierres tronquée à la n’importe comment, pas arasée, non, déchiquetée, ouverte aux quatre vents – c’est le cas de le dire. Depuis des lustres, il ne ponctuait plus l’horizon de ce coin de Larzac : il se laissait à peine deviner. Il dominait encore le paysage du causse, mais sans attirer le regard ; il faut préciser _à sa décharge_ que le beau village de La Couvertoirade captait tous les regards et toutes les attentions.
Qui pouvait remarquer ce débris du petit patrimoine rural, fort délabré, surplombant l’enceinte fortifiée du monument-phare du Larzac Templier et Hospitalier ? Et surtout, qui pouvait être assez fou pour s’engager dans cette véritable épreuve d’endurance : la restauration d’un moulin abandonné ?...
Jeudi, sur le causse tout roussi de soleil et de sècheresse, fouettés par un fort joli vent de circonstance, les invités ont reçu à la volée les chiffres lancés par les uns et les autres. Le montage financier, avec son corollaire -politiquement obligatoire- des aides publiques, le montage juridique (bail emphytéotique par la commune), l’assistance de l’Association des Amis des Moulins, des Bâtiments de France, des bénévoles de Montaigut etc. etc. …
Qu’il fut fécond, le ministère de la parole. Ministère de la salive, précisait le retraité à mes côtés !
Mais, qui pourra dire et quantifier la dose d’inconscience qui fut nécessaire aux Amis de La Couvertoirade pour se lancer dans l’aventure ? …
Aventure, ce fut justement le terme employé par Bernard, l’artisan qui a « coiffé » le moulin.
Le savoir-faire ? Il était quasiment perdu. On nous expliqua d’ailleurs que Le Rédounel est le seul moulin à vent restauré en Aveyron, et que dans les départements limitrophes les exemplaires se comptent avec les doigts d’une seule main.
Revenons à Bernard.
Mille cinq cents heures de travail (
Mon compte-rendu serait impubliable dans n‘importe quelle feuille de choux : « Trop long ! Hors sujet ! » dirait le patron.
Au fait, quel était le sujet ?
Témoigner de la restauration d’un moulin. Mais aussi et surtout : donner envie à ceux qui me liront de visiter La Couvertoirade, un des plus beaux villages de France ; donner un coup de chapeau à un artisan qui le mérite, qui travaille admirablement bien et préfère l’aventure du sur-mesure à la fabrication en série (mais chut ! faut pas trop le dire) et puis aussi donner l’envie de redécouvrir l’œuvre de Daudet et, ne l’oublions pas, de Paul Arène. Et puisque nous sommes en littérature, je conclurai en citant Gaston Bonheur, le régional de l’étape, qui se plaisait à dire : « J’aimerais que sur chaque colline tourne un moulin à vent … ».
Mes chers amis, amis de La Couvertoirade, amis de Sévérac-le-Château, c’est tout le bonheur (n’est-ce pas, hors éoliennes…) que je vous souhaite.
Conseils bibliographiques : Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet et Paul Arène - Petite encyclopédie des vents de France, Honorin Victoire
Oui, oui, La Couvertoirade est à coup un beau village mais quand même je souhaiterais qu'on ne laisse pas entendre qu'il pourrait rivaliser avec le plus village de la Galaxie qui est comme chacun sait... oui, vous avez gagné, c'est Cessenon !
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