dimanche 8 novembre 2009

Malevil, deuxième.



J’ai déjà dit combien j’aimais Malevil, le livre de Robert Merle. Et combien son adaptation cinématographique (1981?) m’avait déçue.

En partie à raison du casting : si Jacques Villeret et Jacques Dutronc habitaient vraiment Momo et Thomas, à mon sens, Michel Serrault n’était pas Emmanuel. L‘habit était trop grand pour lui. J’aurais bien vu un acteur comme Gabin ou Ventura, quelqu’un qui soit, de prime abord, la force et la confiance, mais les deux étaient déjà partis pour un monde meilleur. Alors qui ? Philippe Noiret? maintenant parti lui aussi,  André Dussollier?  moui, peut-être, sais pas...

Ce Malevil première moûture, je n’en ai pas, non plus, aimé la fin : le bruit des rotors de l’hélicoptère en mission de sauvetage des survivants ...
La fin du bouquin est autrement plus enlevée, plus riche de sens, fut-il désespéré. A Malevil, sans Emmanuel, les rescapés sont au seuil d’une nouvelle étape : ils viennent de décider la mise en fabrication de balles pour les fusils …
Et puis parlons des décors : un peu (très peu) des Bourines, magnifique château qui fut aux moines d’Aubrac, et beaucoup (beaucoup trop) de Larzac aménagé en carton-pâte. Fin. Tombe le rideau .

Et voilà que pour 2010, France 3 réalise un Malevil bis, mis en scène dans le sud-Aveyron, du côté de Camarès.
Les décors me plairont, je le sais.

Comme disent les anglo-saxons, je suis tombée en amour de Montaigut voici plusieurs années. Le site, fléché depuis Saint Affrique par deux routes différentes, permet à l’automobiliste de zigzager, pas trop tout de même, vers la plaine du Camarès. Après la traversée du village de Montlaur, on atteint la cuvette du rougier où se découvrent l’éperon de terre rouge et, en même temps, le château. Comme si les deux, bâtisse et fondation de pierre, ne faisaient qu’un. Cette impression s’accentue encore lors de l’approche. Il vous faudra terminer à pied : certaines choses, rares, se méritent…
Ce château, on l’aborde de dos. Il y a là, plantés sur le roc, des hauts murs dont il faut faire le tour. Et c’est alors le choc visuel : la porte de Montaigut ne ressemble à aucune autre. Les dimensions modestes du château-fort, on pourrait presque dire à taille humaine, se trouvent magnifiées par une sorte de voûte–ogive extérieure, étroite, s’élevant au milieu de la façade presque jusqu’à la toiture. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart des brochures touristiques exploitent cette vue.

Force et sobriété, c’est ici toute la beauté de Montaigut.

Au premier niveau, à droite de l’entrée, des tombes creusées dans le roc, récemment découvertes, s’offrent à la vue des touristes qui cheminent au-dessus, sur de grandes dalles de verre. Ici, musique, textes et lumières, en totale harmonie.
Côté opposé, les réserves, au-dessus d’une grande citerne creusée dans la pierre. Une corde permettait de hisser les provisions ou les seaux d’eau jusqu’au niveau supérieur de la cuisine. La voûte est haute, les murs sont épais, les ouvertures rares et étroites. «Le meilleur des frigidaires, dit la Menou, qui y garde [les] conserves et, pendue aux voûtes, la charcutaille».

Pas de doute, c’est bien ici Malevil.

Le jour de l’évènement, Emmanuel aidé de ses amis, de la Menou et de Momo, est occupé à «tirer son vin» dans la cave tout en discutant des prochaines élections municipales, quand survient le cataclysme. Thomas venait juste de les rejoindre, refermant avec soin les deux lourdes portes de chêne derrière lui. Et voilà le décor planté : des survivants dans une cave passée en quelques secondes de 13 à 70 degrés Celsius. Au dehors, un océan de feu. Et, passé l'effroi, toute la vie à réapprendre.

J’ai un espoir. Montaigut va donner le meilleur de lui-même pour que ce film soit le reflet le plus fidèle possible, non pas du mot à mot, ni de l’histoire elle-même – mais de l’esprit, de l’émotion de Malevil. De l'atmosphère de Malevil.
Les acteurs ? Sur les lieux, on a aperçu Anémone. Quel rôle pour elle? Celui de la Menou? On parle aussi de Bernard Yerles.
Rendez-vous en 2010 devant l’écran. Une chose est certaine: les paysages du sud-Aveyron y feront plus que de la figuration.

Et vous, si vous commenciez par lire, ou par relire, Malevil ?

(photos DDM et MDS)

2 commentaires:

  1. Je ne sais pas si les décors de Montaigut donneront au remake de Malevil la dimension que n'a pas eu la première version. Ce que j'ai personnellement reproché au film c'est qu'il n'a pas exploité la situation : mettre en garde contre les conséquences d'une guerre nucléaire. On est passé rapidement de l'aspect catastrophe à une analyse psychologique du groupe des survivants, pour moi cela n'était pas l'essentiel !

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  2. Dans le roman, lu il y a quelques années (et que je cite de mémoire), j'avais beaucoup aimé un passage sur la façon d'appréhender un trajet de quelques kilomètres :
    avant l'explosion, et avec un véhicule auto, le trajet est minuté, c'est un "non temps", entre le départ et la destination,
    alors qu'après l'explosion, (et avec les moyens du bord, plus lents) le trajet prend du temps, et a un sens par lui-même.

    Autre oeuvre, très différente, de R. Merle : "la mort est mon métier" qui retrace la vie du commandant d'Auschwitz, ou l'obéissance absurde et folle.

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