mercredi 4 novembre 2009

Premières Assises Culturelles de l'Aveyron




Mardi 27 octobre 2009, le Président du Conseil Général avait convié le monde culturel du département pour débattre des enjeux … de la culture.
Les intervenants étaient de qualité, des universitaires spécialisés en ce domaine, et en «guest star*» Madame Valles-Bled, Conservateur du musée de Lodève. Philippe Meyer animait les débats, ce qu’il fit fort bien comme à l’accoutumée, mais il alla bien au-delà de son rôle, sachant faire rebondir et élargir les échanges avec la salle.
Voici ce que j'en ai retenu, mais il y eut beaucoup plus que cela .

«C’est un chantier qui s’ouvre… » nous dit le Président du Conseil Général, phrase maintes fois prononcée.

Le cas de Lodève donne à réfléchir tant il est exemplaire (au sens propre du terme) quand on parle de l’influence de la culture sur le développement économique local.

Le musée de Lodève est récent: 1987, donation d’un amateur en archéologie, et le passage à la vitesse supérieure est encore plus récent. Le «déclencheur» c’est 1995. Un choc énorme pour cette petite ville : l’annonce de la fermeture de la COGEMA.
Dès 1996, la municipalité décide le recrutement d’un conservateur de musée pour « provoquer un électrochoc économique et social et redonner de l’espoir ». De 1997 à 2009, 600.000 personnes ont franchi les portes des grandes expositions de l’été. Une moyenne de 400 visiteurs par jour (sur 107 jours d'expo).

Electrochoc avez-vous dit ?

Le défi était grand : 7.400 habitants, taux de chômage 19,1%, et aussi - pourquoi le cacher - une cohésion sociale difficile.

Lodève partait de rien, mais avait un patrimoine important. On pouvait tenter de comparer avec Céret dans les Pyrénées Orientales, petite ville avec une très forte politique culturelle mais avec plusieurs statures d’importance dans le domaine culturel : Picasso, Soutine et tout près Pablo Cazals…
Ce n’était pas le cas à Lodève où il fut nécessaire de trouver des partenaires pour démarrer et définir une politique culturelle ambitieuse avec le souci essentiel de ne jamais s’éloigner du public. Le musée, acteur culturel, a un public varié, il doit donc livrer un certain nombre de clefs aux gens qui ne sont pas spécialistes.

Le professeur Lefebvre a su «tempérer» en évoquant le cas de Redon, commune très riche en associations, et … sinistrée au plan économique. Incitations à la prudence donc, s’il faut parler de retombées financières. Distinguer les ressources des actifs, l’actif étant la ressource mise en mouvement, faire en sorte que toutes ces ressources deviennent des actifs. Et que des territoires modestes trouvent un ciment dans la culture.
Les universitaires intervenants ont conclu en rappelant que si les facteurs immatériels sont très importants, pour que lève le pain, il faut qu’il y ait AUSSI, intervention économique publique.

Pour que « ça » marche, il faut donc appliquer le postulat des 3 P :
- une volonté Politique
- l’intervention de Professionnels
- l’accord de la Population

Dans la salle de nombreuses mains se sont levées, celles de Christophe Liron (Millau), de René Duran, de Roland Laurette (Mostuejouls), de Madame de Barrau (les VMF), d’un artiste en résidence à la MJC de Rodez… qui ont permis d’aller plus loin sur le chemin, indiquant qu’il fallait soutenir la création artistique ET la politique culturelle, faciliter l’accès à l’art, prendre en compte la diversité artistique, et aussi attirer les jeunes vers les pratiques culturelles.

D’autres se sont tus qui auraient pu dire une expérience qui dure : Michel Wolkowitsky était là, et nous pensions à Sylvanès qui parle au cœur des aveyronnais, et bien au-delà.

En résumé, une réunion de gens qui se sont tous sentis concernés. Merci pour ces premières Assises culturelles de l’Aveyron. Qu’il y en ait d’autres.
Et si l’exemple de Lodève ne peut évidemment pas faire l’objet d’un trop facile copier/coller, il y a là cependant, me semble t’il, un motif d’espoir pour entreprendre.

On vous l’a dit et redit, c’est un chantier qui s’ouvre, tous les artisans y ont leur place.

J'avais, à titre personnel, préparé une petite intervention. Mais la qualité de ceux qui ont parlé m'a fait renoncer .Voici cependant ce que je voulais dire.
On ne peut, évidemment pas, décréter que la culture est un remède à la crise: ce serait in-dé-cent-.
Mais je peux affirmer, pour l'avoir vécu, et pour le constater encore dans mon proche environnement, que la culture est un remède au handicap. Dans la Maison des Consuls, et dans les rues de notre cité médiévale, viennnent des touristes "différents". Différents, mais heureux, car accueillis non pas comme des handicapés, mais comme des acteurs culturels. Pour certains, le temps de la visite, c'était le temps d'être ailleurs (et comment ne pas faire le triste parallèle avec l'ennui et le sourire désabusé affichés par certains scolaires!...) . Pour d'autres, c'était le moment de nous faire partager leurs émotions, et je pense à une jeune femme, mal-voyante peut-être, mais qui sut "lire", mieux que nous tous, ce qui était gravé sur un chapiteau.
Et j'ai rencontré aussi tous ces gens, plus âgés c'est vrai, mais atteints par la presbyquelque-chose, que ce soit au niveau de la vue ou de l'ouie (et ça vous arrivera aussi...dès la quarantaine parfois!...) qui découvrent la culture, comme d'autres découvrent la passion tout court : y-a-pas d'âge pour cela. C'est un nouveau public pour la lecture, pour le musée, pour la vie culturelle tout simplement . Alors, accueillons-le.

Qu'est-ce qu'ils disent nos politiques en concluant leurs interventions ? Ah oui : "J'espère que je n'ai pas été trop long..."

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