vendredi 23 octobre 2009

La fin du mois d'octobre approche. Et donc le 1er novembre, avec ses rituels...

(Sur le fronton extrait de l'Epitre de Saint-Paul à Tite )


J’ai toujours «fréquenté» le cimetière de mon village natal.
Pas avec tristesse, non. Avec nostalgie, certainement.
J’en aime le calme, rompu seulement du bruit du vent qui fait ployer les hautes silhouettes des cyprès (lesquels sont à ce jour bien malades).
J’en aime les "chapelles", à l’architecture maniérée et kitch.

J’ai souvent poussé la porte de fer d’un de ces monuments, non pas pour monsieur de S... qui y dort, apparemment abandonné depuis longtemps par les siens, mais tout simplement parce que les instruments nécessaires au nettoyage des tombes du quartier squattaient ce lieu !... Et c’est ainsi que j‘ai commencé à «parler», à échanger avec les occupants… Que personne ne rie, je ne crois pas être psychologiquement fragile, ni soumise à la tentation morbide, ni particulièrement nécrosophe... Quoique…

C’est le moment d’avouer : j’aime bien les cimetières.
Cela vous semble suspect ?
Est-ce qu’on trouve suspects tous ceux qui - nombreux- inspectent les archives, vieux grimoires et autres registres municipaux ou paroissiaux? C’est pourtant, là aussi, le goût du passé (et peut-être un certain dégoût du présent) et il n’y a pas que les retraités qui s’y adonnent.
La promenade (mais oui !) me permet de remonter le temps, d’évoquer le visage, la vie ou quelques anecdotes de ceux que j’ai connus. Mais aussi de certains que je n'ai pas connus, mais qui ont laissé une trace dans notre environnement. Par la renommée, le talent ou l’histoire.

C’est ainsi que j’annote régulièrement, au gré de mes rencontres, le « guide des cimetières ». Pour vous, en exclusivité, première livraison:

Vous souvenez-vous de Gérard Sire ? Il avait commencé par inspecter les impôts (tout mène à tout, il suffit d’en sortir) avant de devenir, avec son compère Jean Yanne, animateur de radio plein d’humour, l’Oreille en coin, acteur et puis écrivain de délicieux «Contes pour rêver». Il repose là, depuis 1977, à quelques encablures des miens, tombe ornée d’une plaque émouvante, mais gravée par un professionnel fâché avec la grammaire!... Dernière pirouette d’un homme attachant.

Et François André, le connaissez-vous ? Non? Né à Rosières, petit village de l’Ardèche, il fut l’inventeur (au sens littéral du terme) des stations balnéaires de La Baule et de Deauville. Ca ne vous dit toujours rien? L’empereur des casinos? L’entreprise devenue Groupe Barrière ? Ah oui, ça y est !… Il avait baptisé la grande plage de La Baule du prénom de son épouse, Marie-Louise. Sur sa tombe, à Rosières, un dernier message aux accents fort authentiques des employés de ses établissements.

Terminons la série de portraits par Fernand Pouillon, architecte génial de la reconstruction du Vieux Port de Marseille et des 200 à Aix-en-Provence, qui connut la prison parce qu’il était à la fois archi et promoteur ! … c’était un autre temps !
Il restaura le château de Belcastel, donnant ainsi un essor certain à ce bourg devenu un des plus beaux villages de France. Depuis 1986 c’est sous un simple tertre anonyme qu’il regarde -de loin- ce qu’est devenue sa dernière œuvre, lo bel castel. Qu’aurait-il pensé de cette récente émission de télé où l’on parla abondamment du village, du château et de ses nouveaux propriétaires, des américains qui apprécient les tripoux (Oh my God!) et … c’est tout. Rien sur Pouillon.

C’est alors que me revient en mémoire l’épitaphe d’un anonyme citée par B. Beyern : « Enfin seul ».

A lire, pour aller plus loin:
- Gérard Sire : Contes pour rêver
- Philippe Bouvard : Histoire d’une famille
- Etudes Aveyronnaises 2003: Fernand Pouillon, l'humaniste et les technocrates par Robert Taussat (Société des Lettres Sciences et Arts de l'Aveyron)
et enfin:
- Guide des cimetières en France, rédigé par celui qui se baptise lui même "enfant de la dalle", j'ai nommé Bertrand Beyern.

1 commentaire:

  1. Les cyprès du cimetière de Cessenon ? Ils ont été plantés par mon arrière-grand-père, jardinier de son état, qui avait eu l'adjudication. Comme ledit cimetière a été créé, en remplacement de celui qui était à côté de l'église, en 1875,ils doivent avoir plus de cent trente ans. Alors s'ils sont malades il faut les plaindre plutôt que les blâmer ! On pourrait même leur attribuer le Mérite Agricole !

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