samedi 20 mars 2010

Algérie mars 2009

Nous étions seize aveyronnais à rejoindre la Tunisie et l’Algérie pour retrouver les lieux où vécut Saint Augustin, lieux qu’il a aimés: Thagaste (devenue Souk Ahrras), Madaure (Montesquieu et aujourd’hui M’Daourouch), Carthage et Hippone (Bône puis Annaba).

Deux pays aujourd’hui. Un seul autrefois: l’ancienne Numidie.

Comment résumer un tel périple en un simple compte-rendu, qui devrait aussi souligner l‘accueil chaleureux des algériens et des tunisiens.

(Madaure, la mauve -Site romain -) 

Découvertes, du moins pour moi qui ne connaissais ni Augustin, ni l’Algérie.
Né à Thagaste, étudiant à Madaure, Augustin avant d’être saint, avant même d’être prêtre et évêque, a été un jeune homme avide de tout connaître, amoureux d’aimer, faisant fi des tourments et des prières de Monique, sa mère, qui voudra le protéger en allant partout où il ira.

(Carthage - cénotaphe de Saint Louis -)
A Carthage, il étudie la philosophie, fréquente les manichéens, mène une vie qu’on qualifierait aujourd’hui de vie de désordres, mais dans laquelle il ne cesse de chercher une vraie justice intérieure… une loi qui ne change ni avec le lieu, ni avec le temps. Maître en rhétorique, couvert d’honneurs et de gloire à Rome, à Milan, il laisse tout tomber lorsqu’il réalise l’objet de sa quête "Tu étais là tout près de moi et tu m’écoutais ; j’ondoyais et tu me pilotais ; j‘allais par la voie large du siècle et tu ne me lâchais pas".
Après la mort de Monique à Ostie, il revient en Afrique, à Carthage puis à Thagaste où il donnera tous ses biens aux pauvres. Il rallie ensuite Hippone où il sera ordonné prêtre, puis évêque, et où il finira sa vie.

(Hippone, 20 ha de vestiges romains autour de la basilique)

Ce voyage n’était pas seulement un voyage touristique, même si, partout, sous nos pas, devant nos yeux, se superposaient civilisations libyco-punique, antiques et romaine. Et c'est déjà beaucoup !

(le Tophet de Salammbô)

Nous avons vécu un voyage accompagné, mis en musique, «doublé» en quelque sorte, par la voix off d’Augustin et par celle, indissociable, de Monique sa mère. 
Comment disait-il, ce cher Didier ? - une mère inquiète, castratrice, pas trop charitable !… Des traits de caractère qui me rappellent quelqu’un que je connais très bien ...

(Le Tophet où se déroulaient les sacrifices "molk")

Je terminerai en évoquant des moments forts de ce voyage.
Nos accompagnateurs algériens nous ont pilotés dans Souk Arrhas afin que Damienne puisse revoir sa maison de famille, son école, l’ancien "grand" hôtel d’Orient où descendaient les célébrités de l’époque (avant 1956). Celà n'avait pas été prévu. Puis sur la route, arrêt à Aïn Sennour pour recueillir de l’eau minérale à l’ancienne source où sa famille allait autrefois. De l'eau de la source, Damienne en a puisée pour la rapporter à son frère, en France. Mais comment lui faire prendre l'avion avec les nouveaux contrôles ? Didier a trouvé la solution : dans la valise-chapelle, à la place du vin de messe utilisé pendant le séjour!

Le 10 mars, nous étions à Constantine, la ville des ponts surplombant les gorges du Rhunel, citadelle du vertige ; ville où, dit-on, les hommes vivent plus haut que ne volent les oiseaux. Nous avons quitté cette ville le cœur serré avec une image devant nos yeux : celle du Père – évêque et de son adjoint, maigres silhouettes agitant leurs mains en signe d’aurevoir, devant le portail de la Maison du Bon Pasteur. Cette maison où nous venions d’être reçus, dans une sorte de grand garage aménagé en lieu de prière, baptisé avec un peu d’ironie "cathédrale".
Le père Paul Desfarges, ordonné évêque du diocèse de Constantine le 12 février 2009, disait :
"Notre Eglise n’a pas de mur d’enceinte. Les routes du constantinois, les rues des villes et des villages sont les allées de notre cathédrale …Ce sont les lieux de nos peines, de nos services que nous sommes appelés à vivre dans la forme du "lavement des pieds".

Il y eut aussi des moments plus souriants.
Quand le groupe voulut "essayer" le téléphérique - tout neuf, il est vrai - qui franchit les gorges du Rhunel ! Tremblante de peur, et hésitante, il m'échut le dernier "oeuf" avec les policiers algériens et le Père Maurice (130 kgs d'amitié répartis sur 2 mètres !). De quoi partir rassurée, n'est-ce-pas ?...
Toujours à Constantine, l'hôtel "Cirta", du genre de celui d'Agatha Christie dans Mort sur le Nil .Trés baroque, beaucoup d'allure,  il m'offrit une chambre où la salle de bains était à commande ... manuelle. Puiser l'eau d'évacuation, non pas à la source, mais dans le bac!... Le dîner, en revanche, y fut plus que parfait. ...et pendant ce repas, assister à un échange quelque peu surréaliste entre un larzacien "pure laine" et un berbère : mondialisation de la non-violence !
Quelques regrets, pas le temps de visiter le musée comme je l'aurais voulu : j'espérais voir le tableau de Cauvy ... Et non, l'heure c'est l'heure (de la fermeture!) .
- Vous reviendrez !
- Mais j'y compte bien ! 

Sur le chemin du retour, l'interminable passage de la frontière à Sakiet Sidi Youssef, de sinistre mémoire. Et puis, la re-découverte (pour moi) de Dougga .

(La vue la plus célèbre de l'antique cité)
(Dougga - Patrimoine mondial -)
Quand les touristes ont quitté le site (...  du moins ceux qui ne se sont pas laissés enfermer! ) la vie authentique reprend ses droits.

Le voyage a pris fin. Ne restent que les souvenirs, et la promesse faite à Hamid de revenir. 

1 commentaire:

  1. Que dire devant un texte d'une telle sensibilité ( trop ? ): restons léger et voyons la rivière rhunel algerienne au rhonnel cessenonais . Solution chez Jacques ( Cessenon centerblog pour les néophytes)

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