vendredi 4 février 2011

Lettre gavache

A Paris pendant deux semaines. "Il faut bien des affaires avant qu'on soit logé, qu'on ait trouvé les gens à qui on est adressé, et qu'on se soit pourvu des choses nécessaires qui manquent toutes à la fois." .

C'est pas moi, c'est Rica, ou peut-être Usbek qui le dit .

Mais "mon" quartier général ne fait pas partie de cette ville bâtie en l'air. Non, bien que située en centre-ville, la rue est piétonne, bordée de maisons à trois étages aux façades identiques, chacune colorée  de façon différente. Non, ce quartier ne jouit pas d'un bel embarras, même pas aux heures "de pointe" ... Privilégiée je suis. Merci à celle qui m'a logée.
Qui va me croire? Pendant ces deux semaines, j'ai vu ici beaucoup de choses qui m'ont étonnée.
S'affirmer "de Paris" avait toujours signifié, avec un peu de condescendance, être au "top"... J'ai marché tous les jours, à l'aller, au retour, et aussi à midi vers ma pitance (ma claustrophobie m'interdit les souterrains archi-bondés où courent, volent les autochtones). Marchant d'un bon pas, l'oeil grand ouvert, que de découvertes!.. La modernité a exilé les cuisines au sous-sol des immeubles. La pièce la plus nécessaire, la plus conviviale, la plus familiale, reléguée à un sous-étage!...
Il est vrai, me fais-tu remarquer, que dans notre Midi natal c'est à la déesse "voiture" qu'on a sacrifié les rez-de-chaussée ou de jardin! Les bouteilles "de derrière les fagots" voisinent maintenant avec pneus, outillage ou réservoir de carburant...
Revenons à Paris .
Tous ces gens, l'air absent, qui courent, volent, vers un but connu d'eux seuls, les oreilles reliées entre elles par de curieuses ficelles, noires ou blanches!... Certains circulent sur deux roues, ou bien zigzaguent entre les piétons à l'aide de roulettes sous les pieds, suivant en celà des signes bizarres peints sur les trottoirs, ah oui on dirait qu'il y a écrit quelque chose comme "marche blanche" !
A la brasserie où j'ai élu domicile le temps du repas de midi (enfin, non : il n'y a pas de temps, ce n'est pas un repas, et ce n'est pas à midi pile!) encore des surprises. Mais des bonnes! Les parisiens sont devenus accueillants. Mais si, mais si... Les deux premiers jours, on m'accueille de façon ... commerciale. Rien à dire. Troisième jour, le choix sur l'ardoise indique "Pot au feu d'Aubrac" .... Au jeune homme qui s'enquiert de ma commande, je désigne le plat et commente : "ça me parle!".  L'homme en noir au grand tablier blanc, dans un large et franc sourire répond : "ça s'entend!...". Et à partir de là, tous les jours, j'ai droit au mot de bienvenue, au serrement de main et au journal (-" l'Equipe? - non, merci !"), à quelques mots rapides mais trés aimables, et le dernier jour à une confidence : " la patronne est lozérienne!".
Avant de repartir vers ma province, il me souvient :
" Une femme qui a quitté Paris pour aller passer six mois à la campagne en revient aussi antique que si elle s'y était oubliée trente ans."
Je n'avais pas revu la capitale depuis plus de huit ans. Imaginez l'antiquité que je suis.

Et si on relisait Les Lettres Persanes du trés fin et railleur Montesquieu ?

1 commentaire:

  1. Ah, enfin le retour des conseils littéraires.
    Très belle description du séjour et du "dépaysement".

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