vendredi 7 février 2014

Polenta e osei .

Je crois avoir déjà avoué mes origines italiennes, bergamasques même, pour être plus précis...

Ma grand-mère (oui, oui, celle qui prisait...) nous régalait souvent de polenta aux petits oiseaux.
Enfin, souvent, c'est vite dit.
Encore, fallait-il que le chasseur (ou le braconnier) de la famille ait ramené de sa journée à la vigne, en hiver,  des bestioles à plumes plein la musette. Ca arrivait de temps en temps, même si c'était prohibé ...

Oui, c'est prescrit ... Et puis ils sont tous morts. Les petits oiseaux, certes, mais aussi et hélas, les chasseurs!

Et fallait-il encore que la bis-nonna soit "décidée" .
Car, c'était pas un petit boulot .
D'abord, plumer les petites bêtes. En évitant - non pas de mettre du duvet partout, ça c'est inévitable - mais surtout d'abimer la chair des volatiles en tirant un peu trop fort sur la plume. C'est pourquoi les petites mains étaient nécessaires et non pas les gros doigts tout calleux des hommes. Ils étaient d'ailleurs bien contents de se dispenser de la corvée . A eux la gloire du chasseur, aux femmes l'intendance. 
Et tout est parfait depuis la nuit des temps.

Ensuite, cuire la polenta ... De l'eau, un peu de lait  dans une grosse marmite . Quelle quantité ? ... Beuh ! ... Comme dans l'industrie pharmaceutique QSP...
Quand le liquide bout, on verse la polenta en pluie. La polenta authentique. Pas la mixture précuite de chez Truc ou Chose qui se trouve bien alignée sur les rayons du supermarché, entre le riz en sachet et les pâtes "top chrono" . 

Avant, on aura pris grand soin, de mettre à côté du récipient le long bâton de bois nécessaire pour tourner, tourner et encore tourner. Parce que si vous attendez que l'ébullition reprenne pour ouvrir le tiroir à couverts et chercher où vous avez bien pu mettre cette p. de cuillère depuis la dernière fois .... ça le fera pas...

Quand la polenta se détache des parois de la marmite, tout est fait . La cuisson est parfaite, et le visage de la cuisinière rouge comme l'écrevisse ... Faudra pas faire de manière et accepter que les convives dégustent les petits oiseaux avec les doigts. La fourchette est acceptée pour la polenta uniquement .

La première fois que je suis allée à San Pellegrino, avec bis-nonno (et son passeport à l'effigie du roi Victor Emmanuel!), j'ai dégusté ce plat enrichi de crème fraîche et c'était pas mal du tout.

Donc, à la maison, en France et au XXI° siècle, la polenta e osei, recette bergamasque, est appréciée.

Pour Noël 2013 , c'était une version iconoclaste.
De la polenta pré-cuite, découpée en petits sapins et poélée a accompagné ... le chapon ! Pas vraiment un petit oiseau. 
On fait avec ce qu'on a, n'est-ce-pas ?
C'était bon aussi. Je confirme qu'on s'est servi de fourchettes pour l'ensemble.