samedi 3 mars 2012

Trois jours à Roc-Amadour

" Les maisons sur le ruisseau, les églises sur les maisons, les rochers sur les églises, le château sur les rochers."  
      Tel est Rocamadour ou j'ai passé, séjour impromptu, trois jours début février et où la neige - qui n'est pas vraiment une habituée des lieux, et qui est tombée en abondance la dernière nuit - a failli m'empêcher de repartir.
      Le ruisseau, l'Alzou, était entièrement gelé.
     J'ai vu le grand escalier entièrement ... recouvert de neige et il m'a paru assez faisable de le descendre sur les fesses, à défaut de le gravir à genoux.
     Personne dans la rue principale. Certains diraient qu'il n'y avait pas un chat...

... seulement le chien d'Anne-Marie.

En saison, des milliers de touristes arpentent cette rue qui se faufile entre les portes des remparts. Je ne sais pas s'ils escaladent tous, à genoux, le grand escalier des pèlerins... j'en doute.  
- Et toi-même, l'as-tu fait ?
- Ben ... non, mais...
- Pas de mais, tu l'as monté à genoux, oui ou non ?
-  ...

Donc dès les beaux jours, beaucoup, beaucoup d'amadouriens - dont quelques célébrités cathodiques - dans LA rue (au singulier).
En hiver, ils sont trente cinq, paraît-il.
Lors de mon séjour, première semaine de février, je les ai presque tous rencontrés. Oui, oui. Récapitulons .
Anne-Marie, la seule restauratrice intra-muros qui arborait la pancarte "ouvert", son cuisinier, son serveur. Plus loin, l'artisan qui vend sa fabrication de gâteaux aux noix et les petits sachets de noisettes grillées et caramélisées - miam miam. Dans cette rue, c'est tout .
- Tu es sûre?
- Certaine. La preuve: j'ai chuté et personne n'est venu à mon aide .
- Mouais, si tu avais été plus jeune, peut-être...
- Grr..
En haut du grand escalier, la vieille dame et sa fille revenant des courses avec le fiston pilote du véhicule. Petit détail, j'ai aidé à porter la provision de bois.
- Avant ou après la chute?
Nous sommes à 7 . Continuons.  
Passons sous le Palais des Evêques, en tenant fermement la rampe. Magasins pour touristes fermés. En haut comme en bas du passage à degrés  ... personne.
Descendons, en tenant toujours la rampe, jusqu'à la crypte Saint Blaise... C'est pas complet, non, mais avec le prêtre, l'assistante et une religieuse qui ont bien l'air d'être du coin, nous arrivons à 10 .
Dans la chapelle où veille Notre Dame de Rocamadour, personne non plus. Mais pour préparer l'office de 11 heures, je croise le Père Ronan, curé du lieu. Nous voici à 11.

En mentionnant le jeune et dynamique Père Ronan, il me souvient d'avoir entrevu la "chapelle Ovalie", toute petite et à moitié troglo, où s'exposent des maillots de rugby. Ronan joue dans l'équipe locale.


Aucun hôtel ouvert en ce début février, le mois le plus court et le moins courtois du calendrier.
Dans les sanctuaires, un groupe de jeunes. Ils doivent loger dans l'ancienne hôtellerie à flanc de falaise. C'est un endroit où il ne faut pas craindre le vertige.



Et toi? Sous les ponts?

Ben moi, j'ai frappée à la porte du "Cantou", rue de la mercerie, où soeur Marie-Renée et Soeur Marie des Neiges (la bien nommée pour ces jours là) m'ont offert le gite et le réfectoire en self service. Le jour du départ, c'est René qui s'est chargé de conduire ma voiture pour lui faire dévaler la falaise et remonter ensuite vers l'Hospitalet . Onze et trois égale quatorze.  

Toujours des problèmes avec les chiffres. Il manque du monde.

Ah oui, j'ai aussi croisé un petit groupe qui se rendait avec les trois du Cantou à une réunion en mairie, pour la concrétisation du chemin de Saint Jacques. Un conseil municipal, ça fait du monde.
Le compte est bon .  

Alors c'est vrai qu'il faisait trés froid.
Même qu'une fougère, croisée dans le grand escalier, recroquevillait, elle aussi, ses doigts


Au Cantou c'est la chaleur qui régnait devant le feu de bois, le chat sur les genoux, autour de la table où l'on m'avait invitée à partager la soupe et d'autres bonnes choses. 
Dans la nuit, la porte s'est à nouveau ouverte pour accueillir des parisiens sans abri. Au matin, les parisiens envolés, la neige recouvrait les maisons, les églises, le rocher, le château. Tout quoi.
Et aussi ma voiture ! ... Le retour fut un chouia difficile.