lundi 26 septembre 2011

Le voyage de Louis, duc d'Arpajon, seigneur de Sévérac, auprès de la Reine de Pologne

       Elle est née Marie-Louise de Gonzague, princesse de Mantoue, duchesse de Nevers. Aînée des trois filles de Charles de Gonzague, celui-là même qui fut secouru, dans sa lutte pour conserver son duché de Mantoue, par les troupes de Louis XIII et par Louis d’Arpajon (1631). La crainte que la France soit prise en tenaille entre les Habsbourg d’Autriche et les Habsbourg d’Espagne inspirait la politique de Richelieu.
        Elle inspirera également la politique de l’habile Mazarin.
        Il « utilisera » la nouvelle reine de Pologne pour soutenir la cause française, afin de conserver à la Pologne son rôle de régulateur européen.
Marie-Louise de Gonzague eut une jeunesse aventureuse, mais remplie de renoncement et de deuils.
        Elle put, un temps, croire qu’elle accèderait au trône de France.
Elle a dix-huit ans et inspire une folle passion à Gaston d’Orléans, qu’on appelle Monsieur, le frère du roi Louis XIII.
        Le roi Louis XIII n’a pas d’héritier.
        Monsieur, qui veut épouser Marie, pourrait bien être le prochain souverain … Oui, mais … Marie de Médicis veille.
        Elle ira jusqu’à faire emprisonner la duchesse de Nevers le temps que Monsieur oublie . La naissance tardive, et inespérée, du futur Louis XIV anéantira à jamais les rêves de grandeur de Marie.
        Moderne pour son époque, elle vécut une idylle enflammée avec le jeune Henri de Cinq - Mars, de dix ans son cadet. Cinq - Mars finira mal ; il conspire avec l’Espagne, et Lyon, en 1642, verra sa décollation…     
        Alfred de Vigny en fera tout un roman
        ... Et Charles Gounod, un opéra.
        On lui connaît également un amour malheureux avec Louis-François Potier, marquis de Gesvres. Amour malheureux, oui, car l’éconduit ira – nous dit-on - se faire tuer à Thionville. 
Un portrait de Marie-Louise de Gonzague nous la présente en habit de cérémonie, voilée, et arborant côté cœur un sinistre emblème : une tête de mort…
        …mais Marie vieillit … Elle a trente trois ans quand elle accepte d’épouser le « vieux » roi de Pologne – Ladislas a atteint la cinquantaine, il est veuf et il est malade.
L’ambitieuse Marie reprend le dessus.
        Elle avoue : «  Ce n’est pas un homme que j‘épouse, c’est une couronne ».
        Louise-Marie est « préparée » pour ce rôle. La reine –mère souhaite la marier « comme une fille de France » et la dot sera d’importance : 700.000 écus ! …Même si ce madré de Mazarin en retire le prix de la bague de fiançailles, qu’il a dû avancer !
        Le contrat de mariage est signé à Fontainebleau , et le mariage lui-même est célébré à Paris, le roi Ladislas étant représenté par Gérard d’Enhof, Palatin de Poméranie.
        Le 27 novembre 1645, le cortège de la nouvelle reine de Pologne prend la route pour Varsovie où il arrivera le 11 mars 1646. Rude voyage au cœur de l’hiver, jours courts, sombres et humides, contrées glaciales, pas toujours hospitalières… 
        Ecoutons Adam Billaut, le poète nivernais, le « Virgile du rabot »:
«  Je vous remontrerai que ce climat barbare
Est indigne de voir une beauté si rare.
Que ce n’est qu’à regret que le soleil y luit,
Que le plus beau des jours y vaut moins que la nuit
Et qu’une simple fleur que la France nous donne
Vaut mieux que tout l’éclat brillant sur sa couronne. » 
        Pas très enthousiaste notre Maître Adam … Sûrement assez frustré de ne pas faire partie du voyage, et peut-être de perdre une source importante pour ses « pécunes ». 
        Louise - Marie installée sur le trône de Pologne se révèlera une reine soucieuse de ses nouvelles responsabilités.
        Un peu trop « tendance polonaise » cependant, selon Mazarin.
        Ce sera le facteur déclencheur de l’ambassade extraordinaire confiée à Louis d’Arpajon, avec un objectif (non officiel) : ranimer la fibre française de la nouvelle reine pour servir les intérêts politiques de la France. 
Louis d’Arpajon quitte Paris le 26 mars 1648.
Le 28 mai 1648, la petite troupe est à Dantzig. On y apprend la mort du roi Ladislas IV, décédé huit jours plus tôt.
Qu’importe - ou plutôt il importe beaucoup - l’ambassadeur extraordinaire poursuit sa route. 
Le Roi est mort, vive le Roi.
        La Pologne est une monarchie élective. Et Mazarin aimerait bien que la Diète polonaise élise un roi francophile
        Grâce à l’entremise de nos Français, Arpajon en tête, grâce aussi certainement à la promesse d’alimenter un trésor royal polonais peu brillant, le frère du roi défunt, ancien cardinal relevé de ses vœux, Jean Casimir, est élu.
        On lui accorde encore la dispense nécessaire pour épouser Louise-Marie, la veuve de son frère.
        Mazarin est satisfait.
        Louise- Marie aussi, qui retrouve son trône. 
        Elle retrouve pareillement toute son influence car, Jean Casimir se laissera mener par Louise-Marie « comme un éléphant par son petit Ethiopien ».
        Le nouveau pays de Louise-Marie connaîtra bien des évènements dramatiques, des révoltes, des batailles. Après des invasions successives, que les polonais appelèrent « le Déluge », la Pologne devra se reconstruire.
Du travail pour Louise-Marie…
        Ebranlée par les épreuves, la reine meurt à Varsovie le 9 mai 1667.
        Jean Casimir, très affecté, ne peut surmonter ce deuil, il abdique le 16 septembre 1668 et gagne la France.
        Il meurt à Nevers le 12 septembre 1672.
        Son cœur sera placé dans un mausolée de l’église de Saint Germain des Prés à Paris.

mercredi 14 septembre 2011

Le voyage du Patrimoine, thème des journées du Patrimoine 2011

Il fait chaud à Sévérac le Château ...

" Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

" Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

" Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'enfler ma bedaine,

" Et hais tant le travail que, les yeux entr'ouverts,
Une main hors des draps,cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers."

Le poème s'intitule " Le paresseux".
Il est de Saint-Amant, toujours aussi méconnu. Mais cependant poète doué, inspiré et plein de verve,  qui finira bien un jour par se relever des assauts répétés et de la méchanceté de Boileau. ( Ca y est, j'ai fini de faire ma prof.

Le texte me paraît convenir tout à fait à ces jours d'automne, quand s'ouvre la chasse et que le lièvre s'apprête à finir en pâté (peut être!) ...
Il convient aussi à ces Journées Européennes du Patrimoine où notre association va présenter le voyage de Louis d'Arpajon, ambassadeur extraordinaire auprès de Louise-Marie de Gonzague, reine de Pologne (1648) .
Car "le bon gros Saint-Amansky"- l'expression est de l'intéressé lui même - rejoignit la reine à Varsovie et fit partie de sa cour pendant deux ans.

Les Amis du Château commenteront les expositions et offriront café, thé et douceurs habituelles.
Allez à  samedi, ou à dimanche. On se fera une petite bouffe...