mardi 24 novembre 2009

des chiffres et des lettres...


Il m’arrive d’aider ponctuellement – quand on me le demande – à des travaux de classement, de rangement ou de retranscription de données : tâches qui n’exigent pas de diplôme universitaire, mais de la patience et de l’humilité.
Ces deux qualités, patience et humilité, elles n’étaient pas particulièrement miennes, et je ne les ai pas beaucoup cultivées pendant ma carrière professionnelle.

Donc, ces jours derniers, retranscription d’écritures comptables dans le livre centralisateur. Moi qui ai toujours été fâchée avec les chiffres!... (maladie familiale que j’ai, hélas, transmise à mes enfants).
- Mais il ne suffit ici que de recopier...
- Certes. Cependant méfiance !
Quand on est à l’âge de la retraite, on est tous un peu presby-quelque-chose. Rien ne ressemble plus à un "8" qu’un "3" de mauvaise foi, et attention aussi à ce faux jeton de "0" qui voudrait se faire passer pour un "6" !
Méfiance donc. Y aller piano piano.
Patience, on vous dit.

- Transformer l’épreuve en exercice, qu’en penses-tu, toi, l’ancien enseignant ?

Et voilà comment je me suis surprise à essayer de bien écrire, à utiliser une graphie correcte. Et bien, ce n’est pas gagné !
Je croyais savoir tracer chiffres et lettres. Oui mais, la conjugaison de l’usage intensif du clavier et des années qui passent a produit quelques dégâts.
Exemple, les majuscules.
Qui sait encore écrire (dessiner ?) un h majuscule qui ne soit pas en caractère d’imprimerie ? J’attends … Il n’y a pas beaucoup de mains qui se lèvent !
Alors, moi, au cours des heures, j‘ai tenté vaillamment, ou plutôt vaille que vaille, d’écrire correctement tous les mois de l’année, en majuscules bien sûr.
Janvier m’a donné du mal, mais arrivée à Juillet ça allait mieux… Novembre fût une catastrophe, même répété vingt-quatre fois, ce n’était pas brillant. J’aurais pu me rattraper avec le mois de Décembre, mais désolée, on n’y est pas encore, je n’y ai pas eu droit !
C’est un peu facho dur, ce que je vais dire, mais il me semble qu’on devrait rétablir – non pas la fessée – mais les lignes … Oui, celles qu’on nous donnait en punition…

- Tu me feras deux pages de « h » majuscules
- Et puis aussi deux pages à recopier, avec les caractères attachés, a-tta-chés , tu as compris ?

Et si le N majuscule de novembre m'a laissé de mauvais souvenirs, que dire de ses lettres "br" attachées, ou encore du "vr" de notre ami Février!... Essayez et vous m’en donnerez des nouvelles.
Humilité, donc.

Pour Noël, je vais demander à mon barbu préféré un ou deux cahiers (pas plus, ça devrait suffire), cahier d’écriture avec des lignes, et surtout, sur les pages de garde, de jolis modèles de majuscules à reproduire (un cahier de broderies scripturales, quoi!)

Allez, je repars tracer mes chiffres et mes lettres.
Et ne me plaignez pas. "... il faut imaginer Sisyphe heureux".

lundi 23 novembre 2009

la carte figurée du sévéragues


«Le feu et le lieu, la baronnie de Sévérac le Château à la fin du Moyen-Age », tel est le titre de la thèse de Juliette Dumasy présentée en 2008 à l’Université Paris I.
Samedi 21 novembre, avec sobriété et talent, l’historienne sut nous proposer l’essentiel de la première partie de ses travaux (un pavé de 688 pages, dont une centaine d’annexes !...).
Le support de cette étude de l'habitat rural dispersé du Moyen-Age est la carte figurée du sévéragues ( document découvert dans les archives de l’Aveyron il y a quelques années seulement).

Pourquoi cette carte ?
A cette époque, en 1504, Rodez et Millau trouvaient que le fouage ( impôt levé sur chaque feu ou unité familiale) était mal réparti ; n'arrivant pas à faire triompher leur thèse devant la juridiction du Rouergue, ces villes assignent la baronnie de Sévérac le Château devant la Cour des Aides de Montpellier. L'objectif est de démontrer que Sévérac est riche, et doit payer le fouage en conséquence, ce qui diminuera d'autant leurs propres impôts !... les affreux jaloux !

Qui a dessiné cette carte ?
Faite sur commande pour servir de preuve dans ce contentieux fiscal, elle aurait été établie par un notaire de Millau (il a été rétribué pour ce travail).

Sur la carte, les villages et les hameaux ont été positionnés d’abord à partir des cours d’eau, et ensuite à partir des buttes ou sommets. Si les perspectives et les distances semblent parfois assez fantaisistes, en revanche, le nombre de maisons des hameaux est exact. Pour Sévérac, toutes les maisons n’ont évidemment pas été dessinées, mais le plan général nous paraît juste, puisqu’il peut se recouper assez facilement avec la structure urbaine confirmée, plus près de nous, par le cadastre napoléonien.

Cette carte figurée du sévéragues, fut étudiée par la jeune universitaire qui sut en extraire un certain nombre de types d’habitat : simple, composé, avec dépendance etc., et un certain nombre de types d’architectures ecclésiales : à clocher défensif, avec bouche à feu dans le mur, porte au sud, porte à l'ouest... le tout selon le lieu, dans la vallée ou sur les causses.
Des villages sont d’origine castrale (Sévérac…), d’autres d’origine ecclésiale (Lapanouse…), tandis que sur les causses, les chefs lieux de paroisse (Inos, Novis, Le Recoux…) sont des hameaux autour de l’église, mais pas des villages.

Une autre partie de cette étude s’articulait autour du compois de 1450, document original en ce sens qu’il a permis de faire le lien entre les surfaces cultivées et les moyens d’exploitation. Nous apprenons qu’avec deux paires de bœufs on cultive 20 sétérées soit environ 5 hectares, et que 66% des terres sont en culture bisannuelle (1 an de culture /1 an de repos).
A partir de cette époque également s’établissent les règles successorales de primogéniture, raison de la très forte stabilité des feux.

Dans la salle de la Société des Sciences Lettres et Arts de l' Aveyron, toutes les chaises étaient occupées et cette communication, relativement courte (45 minutes) mais dense, jamais ennuyeuse, réalisée avec l’aide d’un rétroprojecteur, a vraiment intéressé tous les auditeurs, sociétaires ou invités .
Pour ma part, je n'ai qu'un regret : le nombre restreint de sévéragais dans l’assistance. Nous étions sept !...

(La photo est extraite de la Revue du Rouergue)

jeudi 19 novembre 2009

Chat suffit ! ...


Autrefois, nous avions un chien, un brave corniaud, baptisé Dalloz (ben oui, vous êtes chez des juristes !). Pas doué pour la chasse, notre Dalloz, et pas très enthousiaste non plus pour rester attaché à la garde de la maison. Mais il adorait les câlins, ceux de ses maîtres, et aussi ceux des copines du quartier qui le lui rendaient bien. Tellement bien qu’un jour, un voisin sonna à la porte avec dans ses bras plusieurs petits toutous qu’il nous présenta ainsi : "votre cheptel" !
Les gens du village n’étaient pas tous juristes (on l’aurait su), mais tous, ils regardaient la télé, et c’est ainsi que notre brave corniaud fût, par eux, rebaptisé «Dallas»…
Une voiture tua Dalloz dans la force de l’âge. Depuis, et pour la paix du voisinage, plus de chien.

Dans notre nouvelle maison, il y avait des souris. Elles n‘étaient pas à nous, mais elles faisaient comme si elles étaient chez elles. Inacceptable. Ca ne pouvait pas durer.

Nous eûmes donc un chat.

Confié tout bébé par un voisin, nous avons bien pris soin de lui. Il a grossi, il a grandi, et un jour, devant le portail d’entrée, il nous a présenté sa copine.
Pour éviter l’infestation par les puces et les tiques de l’été, nous avons offert à notre chat (celui d’origine) un collier jaune, et à Cayenne sa copine au pelage rayé de gris, un collier bleu. Chouette, s’est dit la coquine, me voici adoptée, maintenant je suis ici chez moi !

Les spécialistes des animaux domestiques vous le diront tous: le chien s’attache au maître, tandis que le minou investit, lui, dans l‘immobilier... Nous vérifions cela tous les jours.

Un chat ça va, mais deux, bonjour les dégâts!
Un matin, devant la porte de la cuisine, Cayenne nous a présenté sa progéniture. Elle aussi !
Et sur mon pense-bête, est écrit : Prendre contact d’urgence avec le vétérinaire. A défaut envisager un ou plusieurs caticides.

La semaine dernière, lors d’un repas avec des amis du Sud-Aveyron, on m’a proposé d’accueillir un âne. Un âne gentil, affectueux, docile, et tout et tout… et même deux si on voulait, deux de la même famille!
- Savez-vous que cet animal vit environ cinquante ans !
- Ah bon ! Vraiment ? Vous êtes sûr ?
L’œil noir et furibond de mon mari tua dans l’œuf toute tentative de négociation. Le message était clair : c’est eux ou c’est moi !…

A lire :
C. Baudelaire (Les Fleurs du Mal) : Les chats
"Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, …"

lundi 16 novembre 2009

Le Pin


Accroché au flanc de la colline, tel un arapède à son roc, le hameau se découvre tout d’un coup, au détour du dernier virage de la route, juste avant le pont de Camps.

Enfin, ça c’est quand on fait la route en remontant l’Orb, de Roquebrun vers Vieussan. Car, si vous faites le trajet dans l’autre sens, il y a gros à parier que vous ne verrez pas l’embranchement…

A regarder la photo prise par Delphine, je constate que sa forme reproduit graphiquement celle de la tour, la Tour du Pin, qui domine le paysage, la base plus large comme enracinée au bord du frais ruisseau, et le sommet du triangle vers les nuages.
C’est (un peu, beaucoup) MON village. L’endroit où j’ai conduit tous ceux que j’aimais, car ici je n’ai que des souvenirs heureux.

Le Pin, c'est d’abord un certain silence : la rue principale est étroite, elle vire entre les maisons, passe sous les porches et maintient avec constance une pente qui fait réfléchir les chevaux vapeur.
Les autres rues, les non- principales, elles tournicotent aussi, et, en plus, elles ont des marches !

Silence vous avez dit?... Oui et non.
Depuis la route, celle qui va au Lau, j’emprunte l’escalier à la rampe de fer jusqu’à la placette, près de la maison de Solange, où la porte de la boulangerie-épicerie est toujours ouverte : mais était-ce la porte de droite ou celle de gauche ? Si les yeux ont oublié, la mémoire olfactive est là : l’odeur du pain sorti du four à bois… vite, acheter ma boite de lait concentré sucré et continuer à grimper, saluer Maria qui interpelle bruyamment depuis la terrasse en surplomb du virage, donner une pichenette à la plus effrontée des chèvres qui passe son museau au-dessus de la petite porte en retrait … ici, une autre placette avec des cris d’enfants provenant de l’extrémité ouest : c’est la minuscule école, la cour de récréation cimentée, le poteau de la corde à grimper en son milieu, et l’ourlet du mur tout autour, largement ouvert sur l’escalier. Continuer, passer sous le porche de la maison de Hugues, étancher sa soif au robinet de la petite fontaine publique, tourner devant la maison de Léa, à l’endroit exact où le boulanger itinérant faisait «étape» avec sa corbeille remplie de pains et de coques, encore grimper pour arriver enfin devant l’église : même la place de l’église est en pente !
Enfin, pas tout à fait : entre la grande porte et le petit jardin où veille encore Jésus par dessus les broussailles, se trouve un petit espace délimité par un mur en demi-cercle, cimenté et bien plat. En 1944, alors que l’Europe s’entretuait, l’abbé Lucien Larroudet, curé du lieu, permit aux jeunes du hameau d’y danser, au grand dam des bien-pensants qui ne surent dire que « vraiment, les jeunes, c'est pas le moment, alors que d’autres donnent leur vie etc. etc. »

Mais je vois que je m’égare, où sommes-nous: en 2009, en 1944, ou lors de mes dernières vacances au Pin ?...

Vrai que le silence fait partie des lieux. Le café d'Aimé Miquel a fermé sa porte. Plus d’épicerie, ni de boulanger – fût-il en tournée. L’église ne s’ouvre que pour un enterrement. Ou bien alors, quand quelque «fêlée» en demande la clef, à la poursuite de ses souvenirs.
Ce jour là, les souvenirs avaient l’odeur du salpêtre sur les murs, du moisi ambiant et luisaient de l’humidité des grandes dalles du sol...Tiens, la grosse corde qui pendait depuis le haut du mur pignon, à travers la rosace jusqu’au clou, est toujours là, la cloche n’a pas dû être électrifiée, mais la nonna qui tous les jours traversait la place pour sonner l’Angélus est partie, elle aussi… Ce jour là, ces souvenirs à l’odeur de renfermé, ils avaient aussi le goût salé des larmes.

Le Pin, c’est aussi les fleurs. Il y en a partout. Des géraniums (pelargonium! dirait mon cousin pisse-vinaigre) bien rouges se détachant sur le schiste des murs, des pommiers d’amour (en langage savant, c’est quoi cousin ?) qui poussent spontanément au détour de la rue. Et dans toute la partie du hameau située au dessus de l’église, les fleurs d’Annette. Annette, quatre-vingt printemps et des doigts toujours verts. Annette qui sème, plante, nettoie et entretient tous les jours, au bénéfice de tous ceux qui passent là.
Léa n’est plus là, elle qui avait le quasi-monopole du fleurissement des autels de la paroisse : elle cultivait pour cela un jardin près du lavoir, au bord du ruisseau, en contrebas de la route. Léa, vieille demoiselle, n’avait pas laissé d’indications sur sa parentèle. Un généalogiste dût chercher longtemps ses «ayants-droit». Léa qui dort son dernier sommeil, au milieu de "sa" vigne, maintenant arrachée, dans "son" tombeau du bord de la route sous des enchevêtrements de ronces. Rêvons que sur ces ronces, un jour, fleurissent les mêmes roses qu’au jardin du lavoir.

Puisque nous sommes à nouveau sur la route, sur le chemin du retour, faire une courte halte à Géminian, petite chapelle rustique qui abritait une très belle vierge de bois doré. En son honneur, le père Larroudet avait composé un cantique émouvant . Il est vrai que le lieu s’y prête :
"…De ton bien-aimé sanctuaire/ Tu regardes à tes pieds/ Couler la belle rivière/ Fleurir les amandiers/ Verdir nos belles vignes / Passer le pèlerin …"

Arrivé là, vous avez le choix : soit remonter le fleuve, visiter le trés beau village de Vieussan et admirer le Caroux,  montagne de lumière, soit  descendre l' Orb, (en canoé, chiche!) jusqu'à Cessenon, en passant par Ceps (point de chute ministériel, mais il s'agit d'une "huile" nordique!) et Roquebrun .

A lire:
Vieussan .Une commune au XIX° siècle (P.Caminade , JP Comps, M. Scanzi)
Photos D.B.

dimanche 8 novembre 2009

Malevil, deuxième.



J’ai déjà dit combien j’aimais Malevil, le livre de Robert Merle. Et combien son adaptation cinématographique (1981?) m’avait déçue.

En partie à raison du casting : si Jacques Villeret et Jacques Dutronc habitaient vraiment Momo et Thomas, à mon sens, Michel Serrault n’était pas Emmanuel. L‘habit était trop grand pour lui. J’aurais bien vu un acteur comme Gabin ou Ventura, quelqu’un qui soit, de prime abord, la force et la confiance, mais les deux étaient déjà partis pour un monde meilleur. Alors qui ? Philippe Noiret? maintenant parti lui aussi,  André Dussollier?  moui, peut-être, sais pas...

Ce Malevil première moûture, je n’en ai pas, non plus, aimé la fin : le bruit des rotors de l’hélicoptère en mission de sauvetage des survivants ...
La fin du bouquin est autrement plus enlevée, plus riche de sens, fut-il désespéré. A Malevil, sans Emmanuel, les rescapés sont au seuil d’une nouvelle étape : ils viennent de décider la mise en fabrication de balles pour les fusils …
Et puis parlons des décors : un peu (très peu) des Bourines, magnifique château qui fut aux moines d’Aubrac, et beaucoup (beaucoup trop) de Larzac aménagé en carton-pâte. Fin. Tombe le rideau .

Et voilà que pour 2010, France 3 réalise un Malevil bis, mis en scène dans le sud-Aveyron, du côté de Camarès.
Les décors me plairont, je le sais.

Comme disent les anglo-saxons, je suis tombée en amour de Montaigut voici plusieurs années. Le site, fléché depuis Saint Affrique par deux routes différentes, permet à l’automobiliste de zigzager, pas trop tout de même, vers la plaine du Camarès. Après la traversée du village de Montlaur, on atteint la cuvette du rougier où se découvrent l’éperon de terre rouge et, en même temps, le château. Comme si les deux, bâtisse et fondation de pierre, ne faisaient qu’un. Cette impression s’accentue encore lors de l’approche. Il vous faudra terminer à pied : certaines choses, rares, se méritent…
Ce château, on l’aborde de dos. Il y a là, plantés sur le roc, des hauts murs dont il faut faire le tour. Et c’est alors le choc visuel : la porte de Montaigut ne ressemble à aucune autre. Les dimensions modestes du château-fort, on pourrait presque dire à taille humaine, se trouvent magnifiées par une sorte de voûte–ogive extérieure, étroite, s’élevant au milieu de la façade presque jusqu’à la toiture. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart des brochures touristiques exploitent cette vue.

Force et sobriété, c’est ici toute la beauté de Montaigut.

Au premier niveau, à droite de l’entrée, des tombes creusées dans le roc, récemment découvertes, s’offrent à la vue des touristes qui cheminent au-dessus, sur de grandes dalles de verre. Ici, musique, textes et lumières, en totale harmonie.
Côté opposé, les réserves, au-dessus d’une grande citerne creusée dans la pierre. Une corde permettait de hisser les provisions ou les seaux d’eau jusqu’au niveau supérieur de la cuisine. La voûte est haute, les murs sont épais, les ouvertures rares et étroites. «Le meilleur des frigidaires, dit la Menou, qui y garde [les] conserves et, pendue aux voûtes, la charcutaille».

Pas de doute, c’est bien ici Malevil.

Le jour de l’évènement, Emmanuel aidé de ses amis, de la Menou et de Momo, est occupé à «tirer son vin» dans la cave tout en discutant des prochaines élections municipales, quand survient le cataclysme. Thomas venait juste de les rejoindre, refermant avec soin les deux lourdes portes de chêne derrière lui. Et voilà le décor planté : des survivants dans une cave passée en quelques secondes de 13 à 70 degrés Celsius. Au dehors, un océan de feu. Et, passé l'effroi, toute la vie à réapprendre.

J’ai un espoir. Montaigut va donner le meilleur de lui-même pour que ce film soit le reflet le plus fidèle possible, non pas du mot à mot, ni de l’histoire elle-même – mais de l’esprit, de l’émotion de Malevil. De l'atmosphère de Malevil.
Les acteurs ? Sur les lieux, on a aperçu Anémone. Quel rôle pour elle? Celui de la Menou? On parle aussi de Bernard Yerles.
Rendez-vous en 2010 devant l’écran. Une chose est certaine: les paysages du sud-Aveyron y feront plus que de la figuration.

Et vous, si vous commenciez par lire, ou par relire, Malevil ?

(photos DDM et MDS)

mercredi 4 novembre 2009

Premières Assises Culturelles de l'Aveyron




Mardi 27 octobre 2009, le Président du Conseil Général avait convié le monde culturel du département pour débattre des enjeux … de la culture.
Les intervenants étaient de qualité, des universitaires spécialisés en ce domaine, et en «guest star*» Madame Valles-Bled, Conservateur du musée de Lodève. Philippe Meyer animait les débats, ce qu’il fit fort bien comme à l’accoutumée, mais il alla bien au-delà de son rôle, sachant faire rebondir et élargir les échanges avec la salle.
Voici ce que j'en ai retenu, mais il y eut beaucoup plus que cela .

«C’est un chantier qui s’ouvre… » nous dit le Président du Conseil Général, phrase maintes fois prononcée.

Le cas de Lodève donne à réfléchir tant il est exemplaire (au sens propre du terme) quand on parle de l’influence de la culture sur le développement économique local.

Le musée de Lodève est récent: 1987, donation d’un amateur en archéologie, et le passage à la vitesse supérieure est encore plus récent. Le «déclencheur» c’est 1995. Un choc énorme pour cette petite ville : l’annonce de la fermeture de la COGEMA.
Dès 1996, la municipalité décide le recrutement d’un conservateur de musée pour « provoquer un électrochoc économique et social et redonner de l’espoir ». De 1997 à 2009, 600.000 personnes ont franchi les portes des grandes expositions de l’été. Une moyenne de 400 visiteurs par jour (sur 107 jours d'expo).

Electrochoc avez-vous dit ?

Le défi était grand : 7.400 habitants, taux de chômage 19,1%, et aussi - pourquoi le cacher - une cohésion sociale difficile.

Lodève partait de rien, mais avait un patrimoine important. On pouvait tenter de comparer avec Céret dans les Pyrénées Orientales, petite ville avec une très forte politique culturelle mais avec plusieurs statures d’importance dans le domaine culturel : Picasso, Soutine et tout près Pablo Cazals…
Ce n’était pas le cas à Lodève où il fut nécessaire de trouver des partenaires pour démarrer et définir une politique culturelle ambitieuse avec le souci essentiel de ne jamais s’éloigner du public. Le musée, acteur culturel, a un public varié, il doit donc livrer un certain nombre de clefs aux gens qui ne sont pas spécialistes.

Le professeur Lefebvre a su «tempérer» en évoquant le cas de Redon, commune très riche en associations, et … sinistrée au plan économique. Incitations à la prudence donc, s’il faut parler de retombées financières. Distinguer les ressources des actifs, l’actif étant la ressource mise en mouvement, faire en sorte que toutes ces ressources deviennent des actifs. Et que des territoires modestes trouvent un ciment dans la culture.
Les universitaires intervenants ont conclu en rappelant que si les facteurs immatériels sont très importants, pour que lève le pain, il faut qu’il y ait AUSSI, intervention économique publique.

Pour que « ça » marche, il faut donc appliquer le postulat des 3 P :
- une volonté Politique
- l’intervention de Professionnels
- l’accord de la Population

Dans la salle de nombreuses mains se sont levées, celles de Christophe Liron (Millau), de René Duran, de Roland Laurette (Mostuejouls), de Madame de Barrau (les VMF), d’un artiste en résidence à la MJC de Rodez… qui ont permis d’aller plus loin sur le chemin, indiquant qu’il fallait soutenir la création artistique ET la politique culturelle, faciliter l’accès à l’art, prendre en compte la diversité artistique, et aussi attirer les jeunes vers les pratiques culturelles.

D’autres se sont tus qui auraient pu dire une expérience qui dure : Michel Wolkowitsky était là, et nous pensions à Sylvanès qui parle au cœur des aveyronnais, et bien au-delà.

En résumé, une réunion de gens qui se sont tous sentis concernés. Merci pour ces premières Assises culturelles de l’Aveyron. Qu’il y en ait d’autres.
Et si l’exemple de Lodève ne peut évidemment pas faire l’objet d’un trop facile copier/coller, il y a là cependant, me semble t’il, un motif d’espoir pour entreprendre.

On vous l’a dit et redit, c’est un chantier qui s’ouvre, tous les artisans y ont leur place.

J'avais, à titre personnel, préparé une petite intervention. Mais la qualité de ceux qui ont parlé m'a fait renoncer .Voici cependant ce que je voulais dire.
On ne peut, évidemment pas, décréter que la culture est un remède à la crise: ce serait in-dé-cent-.
Mais je peux affirmer, pour l'avoir vécu, et pour le constater encore dans mon proche environnement, que la culture est un remède au handicap. Dans la Maison des Consuls, et dans les rues de notre cité médiévale, viennnent des touristes "différents". Différents, mais heureux, car accueillis non pas comme des handicapés, mais comme des acteurs culturels. Pour certains, le temps de la visite, c'était le temps d'être ailleurs (et comment ne pas faire le triste parallèle avec l'ennui et le sourire désabusé affichés par certains scolaires!...) . Pour d'autres, c'était le moment de nous faire partager leurs émotions, et je pense à une jeune femme, mal-voyante peut-être, mais qui sut "lire", mieux que nous tous, ce qui était gravé sur un chapiteau.
Et j'ai rencontré aussi tous ces gens, plus âgés c'est vrai, mais atteints par la presbyquelque-chose, que ce soit au niveau de la vue ou de l'ouie (et ça vous arrivera aussi...dès la quarantaine parfois!...) qui découvrent la culture, comme d'autres découvrent la passion tout court : y-a-pas d'âge pour cela. C'est un nouveau public pour la lecture, pour le musée, pour la vie culturelle tout simplement . Alors, accueillons-le.

Qu'est-ce qu'ils disent nos politiques en concluant leurs interventions ? Ah oui : "J'espère que je n'ai pas été trop long..."